Révolution et histoire globale

Comme un écho au prix international du XXIIIe Congrès international des sciences historiques attribué à l’historien indien Sanyaj Subrahmanyam, Pierre Serna a abordé dans son exposé introductif aux travaux de la CIHRF de Poznan à l’été 2022 les relations entre histoire révolutionnaire et histoire mondiale à l’heure des gobal studies.

Contrairement à ce que prétend la vulgate libérale-conservatrice, la Révolution française n’est ni un accident ni un trou noir de l’histoire mondiale contemporaine. Elle est un moment essentiel de l’entrée dans une modernité interconnectée qui invite à penser l’histoire mondiale dissidente de l’histoire impériale qu’elle soit russe ou anglo-saxonne.

Loin d’être réductible à une aventure nationaliste, la Révolution est un moment critique qui peut servir de point d’appui à tous ceux qui refusent une écriture de l’histoire uniformisante ou simplificatrice. Elle invite à s’interroger sur l’éducation et l’interculturalité qui s’inscrivent tout autant que le commerce dans le jeu des échanges mondiaux depuis la fin du XVIIIe siècle.

Le modèle atlantique promu autrefois par Robert Palmer et Jacques Godechot résiste encore mais il fait l’objet de critiques internes et externes qui peuvent se comprendre comme la remise en cause du monolithisme et de la centralité de l’histoire occidentale.

Enfin, l’écriture de l’histoire de la Révolution française ne se réduit pas à celle du renversement brutal de la monarchie française. Elle fixe un “horizon d’idéalité” plus large qui repose sur une critique profonde des présupposés anthropologiques et écologiques de l’ordre ancien. Elle ne peut être déconnectée des autres révolutions abouties ou avortées dont elle constitue un maillon charnière à travers le temps et l’espace. En ce sens, elle constitue l’acte de naissance de la géopolitique moderne qui doit nous aider à penser le désordre du monde.

video
play-sharp-fill

Certaines des interventions de la conférence de Poznan 2022 sont mises à en ligne par la revue “Age of revolutions” en langue anglaise grâce au travail de coordination de Pr. Dr. Megan Maruschke :

Mathieu Ferradou, “A “Banquet Fraternal” at Hamburg in 1798 : The Irish Connection and the Birth of the Modern Conspiracy Theory”

Jean-Loup Kastler-Vassilievitch, “From West to East : The Atlantic Revolution Swings Eastward ?”

Paolo Conte, “At the center of the mediterranean : The italian peninsula’s role during the french revolution”

Mike Rapport, “The Black cockade and the tricolor: space and place in New York City’s response to the french revolution”