Le livre de Varoujean Poghosyan intitulé Les historiens de la Révolution française, est composé de deux parties. Dans les textes rassemblés dans la première partie, il brosse des portraits d’historiens soviétiques qu’il a eu la chance de longtemps côtoyer. Deux articles sont consacrés à Victor Daline, son maître, sous la direction duquel il a travaillé de 1978 à son décès, en 1985 ; c’est dès 1987 qu’a été rédigée la version préliminaire du premier article touchant sa vie et son oeuvre. L’étude a été mise à jour après les mutations qui ont bouleversé la science historique russe, et la propre démarche de l’auteur, surtout à propos des interprétations avancées par Victor Daline sur l’époque révolutionnaire et la contribution des historiens français du XXe siècle à sa compréhension (il s’agit en premier lieu de celle des représentants de l’école des Annales).
Dans le second article (V.M. Daline, tel que je l’ai connu), ainsi que dans les textes consacrés à Abgar Ioannissian et Gennadi Koutchérenko, l’auteur brosse des portraits d’historiens, d’après des documents inédits tirés des archives et ses propres expériences. Ces historiens ont été spécialistes de l’époque révolutionnaire et de la pensée publique française du XVIIIe-XIXe siècle. Leurs méthodes de travail, ainsi que leurs exigences envers eux-mêmes et envers leurs élèves, font de leurs parcours des témoignages sans doute utiles en particulier aux jeunes chercheurs.
L’auteur a rédigé un article sur Jacques Godechot, l’un des plus grands historiens de la Révolution française, avec qui il n’a pas eu la chance de travailler, ayant été même privé de la possibilité de le rencontrer. En dépit de cela, il le considère pourtant comme l’un de ses maîtres, de même qu’Albert Manfred et Victor Daline. Il brosse le portrait de ce grand savant français d’origine juive d’après sa propre perception d’une œuvre majeure qui honore la science historique française. Il rappelle s’être opposé à la critique développée par les historiens marxistes français et soviétiques contre la notion de « révolution atlantique » de Jacques Godechot et Robert Palmer, en soutenant grosso modo l’approche de Michel Vovelle. En même temps, l’auteur a tâché d’élucider, dans la mesure du possible, sa grande contribution à la coopération entre les historiens de France et d’URSS, en se référant aux relations amicales qui ont uni Victor Daline et Jacques Godechot, ainsi qu’en utilisant les lettres que ce dernier lui a adressées.
L’ouvrage comporte également deux articles sur la polémique entre Albert Mathiez et les historiens soviétiques en deux langues (en russe et en français), dont lе second a été publié dans les Annales historiques de la Révolution française ; celui-ci est beaucoup plus étendu que le premier.
La deuxième partie comprend des publications, éditées essentiellement en russe. Il s’agit d’études concernant les relations scientifiques des historiens soviétiques, notamment des spécialistes de l’époque révolutionnaire et napoléonienne, des années 1930 aux années 1970. S’y trouvent également deux publications sur leur coopération scientifique avec Jacques Godechot et Walter Markov. L’auteur y a publié pour la première fois trois documents sur Albert Manfred, ainsi que la correspondance intéressante de Maurice Dommanget avec les responsables de l’Institut Marx et Engels, entre 1926 et 1932.
Nos remerciements vont à Monsieur Alexandre Tchoudinov, notre ami et collègue, rédacteur en chef de l’Annuaire d’études françaises, pour nous avoir soutenu lors de la publication de ce livre, et pour avoir aimablement accepté de devenir son rédacteur. L’auteur est également très reconnaissant au professeur Hervé Leuwers, président de la Société des études robespierristes, professeur à l’Université de Lille, d’avoir corrigé les textes des articles publiés dans les Annales historiques de la Révolution française et les préfaces des publications en français, ainsi que pour son soutien et ses encouragements.