La création d’une Commission Internationale d’Histoire de la Révolution Française (CIHRF), qui pût fonctionner comme organe de circulation des idées et des informations entre tous ceux qui étaient engagés dans cet immense chantier d’études et de promotion d’initiatives scientifiques internationales, fut proposée dès le Congrès international des Sciences historiques de Stockholm en 1960, à l’initiative d’Ernest Labrousse, Jacques Godechot, Walter Markov, Albert Soboul et quelques autres. Mais elle n’a été officiellement instituée qu’en 1980, lors du Congrès international des Sciences historiques de Bucarest, en tant que Commission interne du Comité International des Sciences Historiques (CISH).
Présidée par Jacques Godechot et, depuis le Congrès de Stuttgart (1985), par Michel Vovelle, elle a témoigné d’une activité reconnue qui s’est manifestée notamment à l’occasion de tous les Congrès quinquennaux du CISH, tenant ses sessions dans le cadre des Congrès internationaux des Sciences historiques, en particulier à Stuttgart (1985), Madrid (1990), Montréal (1995), Oslo (2000), Sydney (2005) et Amsterdam (2010).
Les textes des recherches présentées lors du colloque organisé par la Commission dans le cadre du XVIIIème Congrès tenu à Montréal en 1995, sur le thème «Du tout social au tout politique: vrai ou faux tournant dans l’historiographie révolutionnaire», ont été publiés dans les Annales Historiques de la Révolution française, n. 310, octobre-décembre 1997. A l’occasion du XIXème Congrès International des Sciences Historiques, qui s’est tenu à Oslo du 6 au 13 août 2000, la CIHRF a organisé un colloque (11-12 août), sur le thème «Du Directoire au Consulat: la clôture de l’épisode révolutionnaire» et une table ronde d’histoire comparée sur le thème «Que reste-t-il des révolutions après leur achèvement ?», qui ont connu une très large et active participation de collègues et chercheurs de partout dans le monde. Mais encore faut-il rappeler le rôle exercé par la Commission dans l’organisation du Congrès mondial des historiens à Paris en 1989, grâce à l’activité déployée par Michel Vovelle, en l’associant aux activités de la Commission de recherche scientifique pour le Bicentenaire.
Le statut de Commission interne étant une condition transitoire, le président Michel Vovelle a aussi assuré sa transformation en Organisme affilié du CISH, qui a été décidée par l’Assemblée générale du CISH à l’occasion du Congrès d’Oslo. La Commission figure donc à présent parmi les 29 Organismes Internationaux affiliés au CISH, qui est composé «a) de Comités nationaux qui représentent les institutions de recherche historique de leur pays respectif ; b) d’Organismes internationaux auxquels il confie la réalisation de projets scientifiques ou l’organisation de manifestations scientifiques ponctuelles» (art. 2 des Statuts du CISH). Chaque Organisme international affilié verse au CISH une cotisation annuelle dont le montant a été fixé par l’Assemblée générale du CISH à 650 francs suisses.
Lors de la chronique publiée dans les AHRF en 1998, la composition du Bureau de la Commission était la suivante :
Président : Michel Vovelle (France); Président d’honneur : Robert Palmer (États Unis); Vice-présidents : Tadami Chizuka (Japon), Catherine Duprat (France), Claude Mazauric (France), Alberto Gil Novales (Espagne), Kåre Tǿnnesson (Norvège). Secrétaire générale : Christine Peyrard (France); Trésorier : Claude Mazauric (France). Membres : Robert Forster (Etats-Unis), Daniel Ligou (France), Hans Jurgen Lüsebrink (Allemagne), Michel Peronnet (France), Rolf Reichardt (Allemagne), Helmut Reinalter (Autriche), Monika Senkowska (Pologne), Michio Shibata (Japon), Zhang Zhilian (Chine).
Lors de son Assemblée générale tenue le 12 août 2000 sous la présidence de Michel Vovelle, à l’occasion de la tenue à Oslo du XIXème Congrès international des sciences historiques, une nouvelle direction a été élue, tenant compte des démissions présentées par le président et le trésorier en charge, par les professeurs Catherine Duprat, vice-présidente, et Christine Peyrard, secrétaire générale, et par d’autres membres de la Commission, Robert Forster, Monika Hama-Senkowska, Hans Jurgen Lüsebrink, Rolf Reichardt, qui ont fait connaître leur démission pour cause de l’âge ou parce que appelés sur d’autres fronts de recherche. Le président sortant a annoncé sa décision de résigner une fonction qu’il occupait depuis quinze ans et souligné la nécessité d’un renouvellement des cadres de la Commission, éclaircis par les démissions dus à l’âge et à l’éloignement et, malheureusement, par les décès. Par rapport au tableau présenté en 1995 du bureau de la Commission on doit en effet déplorer la mort de Michel Peronnet, Jean-René Suratteau, Charles Biaudet.
Le précédent Bureau, grâce à l’engagement du président Michel Vovelle et à la coopération active des professeurs Catherine Duprat, Claude Mazauric, Christine Peyrard a assuré une activité soutenue qui lui a valu la reconnaissance de la Commission en tant que Organisme affilié du CISH.
En ce qui concerne la nomination de ses membres, ceux-ci sont nommés, sur proposition du Bureau ou présentation de candidature, par l’Assemblée générale, qui se réunit à l’occasion des congrès quinquennaux du CISH. Pour surmonter cette difficulté, le Bureau peut procéder aux cooptations qui se révèlent essentielles dans la perspective de l’organisation des congrès et des autres initiatives scientifiques, sous réserve de ratification de la part de l’Assemblée générale. Les candidatures à soumettre à l’Assemblée générale doivent être envoyées au président ou au secrétaire de la Commission. L’Assemblée d’Oslo a aussi souhaité que l’effort d’élargissement de la Commission soit également suivi par celui de «rajeunissement» et de «féminisation».
La Commission était dirigée par la professeur Anne-Marie Rao, université Federico II Naples, pour la période 2000 – 2005.
Supportée par les vice-présidents :
Tadami CHIZUKA, JAPON
Alan FORREST, GRANDE-BRETAGNE
Michel PERTUE, FRANCE
Pascal DUPUY, FRANCE en tant que Secrétaire général et trésorier.
Jean-Pierre JESSENNE, FRANCE a servi pendant cette période en tant que Trésorier adjoint.
Le congrès du CISH de 2005 à Sydney a marqué un tournant pour la Commission, qui s’est avéré nécessaire pour clarifier son statut juridique, qui pendant longtemps a été uniquement celui de commission interne du CISH. Un statut qui s’est révélé de plus en plus problématique, notamment pour la gestion des financements, qui se limitent aux cotisations des membres individuels et institutionnels que perçoit la Commission. A Sydney, le comité nouvellement élu de l’assemblée générale et présidé par Alan Forrest (Université de York) a examiné tout d’abord diverses variantes et a finalement décidé de la création et de l’enregistrement d’une association selon la loi française de 1901. Le Musée de la Révolution française à Vizille avec à sa tête, le conservateur Alain Chevalier a rendu possible l’inscription à Grenoble et l’implantation du siège social de l’Association pour l’histoire de la Révolution française à Vizille. Les statuts prévoient désormais explicitement la possibilité pour chaque chercheur et chercheuse dans le monde, qui montrent un intérêt scientifique pour le travail de la Commission, de devenir membre.
Ainsi la Commission dispose maintenant également d’un compte géré par le trésorier concerné et peut s’acquitter de ses cotisations auprès du CISH. La finalisation de cette réorganisation a été présentée lors d’une séance du Bureau de la Commission en septembre 2007. La prochaine étape constituerait, conformément à la décision de l’assemblée générale à Sydney, à la mise en place, par le Secrétaire général, d’un site internet pour le travail de la Commission. Une décision qui fait suite à un travail en coopération étroite avec d’autres institutions, dont les problématiques de recherches sont axées sur la révolution (française).
Le colloque suivant, dans le cadre du Congrès du CISH, qui a eu lieu en 2010 à Amsterdam, était consacré aux réseaux transnationaux de l’histoire de la Révolution française et a permis de réunir avec succès les membres de la Commission dispersés sur tous les continents. Avec la publication d’un livre associé, la Commission a renoué dans l’intervalle avec une tradition négligée, à savoir la publication régulière des résultats de ses travaux.
L’étape suivante a consisté en une session à Vizille en septembre 2014 sur le thème « Le débat sur la Révolution française dans le monde, 25 ans après le bicentenaire de 1989 », durant laquelle il ne s’agissait pas uniquement d’organiser une conférence autonome de la Commission entre les congrès du CISH. En effet, cette séance a pris toute son importance en permettant, d’une part, de préparer le prochain congrès du CISH, qui a lieu en 2015 à Jinan (Chine), avec les cotisations perçues à Vizille, et, d’autre part, de donner aux membres de la Commission qui ne peuvent pas se rendre à Jinan, l’occasion de s’exprimer sur le thème général de ce cycle quinquennal.
Un demi-siècle après sa création, la Commission a désormais toute sa place au sein du CISH ; ce qui se traduit notamment par le fait que sa proposition pour un des thèmes majeurs du Congrès de Jinan ait été acceptée. L’analyse comparative des révolutions modernes rencontre de nouveau un large succès auprès des historiens et le recours à une historiographie renouvelée de la Révolution française est perçu comme fructueux et utile.