Conférence de Grenoble (Deuxième édition)

La Révolution française : quels espaces et quels environnements pour les femmes ?


Le succès de la journée « Femmes, Matrimoine, Révolution », le 17 juin 2024, projet universitaire en direction du grand public, soutenu par la mairie de Grenoble, nous conduit à proposer l’organisation d’une deuxième édition de l’événement en partenariat avec la municipalité grenobloise ce 13 juin 2025 à l’auditorium de l’Office de Tourisme de Grenoble.

L’action politique des femmes pendant la Révolution française a manifestement investi l’espace public. L’intensité de cet investissement, associée à une participation directe à la vie politique, apparaît comme une des spécificités du processus révolutionnaire en France.

L’agentivité soutenue des femmes durant toute la période a de ce fait contribué à redéfinir la notion même d’espace public. L’espace public considéré comme territoire régulé et administré par une autorité publique surplombantes selon des normes genrées s’est ainsi trouvé enrichi d’une définition seconde d’environnement commun défini par des appropriations collectives multiples. De sorte que la citoyenneté des femmes en révolution semble pouvoir se définir avant tout par un certain rapport à un environnement extérieur, un espace d’action et de vie, structuré par leurs actions.

Or cet environnement ne se limite pas à l’urbanité des places publiques, des salles de réunion ou des ateliers à vocation philanthropique si essentiels à l’écriture de leur histoire. Il inclut aussi la nature avec laquelle les femmes de la Révolution française interagissent en permanence et qui est une des dimensions essentielles de leur culture politique. Après tout, comme l’ensemble des Français, 80 % des femmes vivent à la campagne à la fin du XVIIIe siècle.

Les travaux sur les révoltes alimentaires ont permis de documenter le rôle de ces « évidentes émeutières » pour reprendre l’expression d’Arlette Farge. Cependant, leur action ne saurait se limiter à la question du prix du pain. Leur implication dans la préservation et la promotion des « communs » tant urbains que ruraux est aujourd’hui au cœur des préoccupation de l’historiographie. Emeutières mais aussi braconnières, contrebandières, herbières ou colporteuses, les femmes ont contribué à forger une certaine idée de l’environnement construite autour du « droit à la subsistance ». Nous proposons de qualifier ce rapport à l’environnement d’écologie morale de la foule dans le sillage des travaux d’Edward P. Thompson, Karl Jacoby et Peter Linebaugh.

Comment les femmes investissent-elles l’espace, comment le vivent-elles ? qu’y font-elles ? comment l’occupent-elles ? autant de questions qu’il s’agit de se poser dans une histoire renouvelée de « la Révolution vue d’en bas ».

C’est bien la multiplicité des rapports des femmes à l’environnement que nous proposons d’explorer à l’occasion d’une nouvelle journée de conférence prévue pour le mois de juin 2025.

Grenoble, ville pour laquelle la révolution constitue un matrimoine comme le rappelle maintenant une plaque apposée sur la façade de l’ancien Hôtel de ville, entretient aussi une relation particulière avec son environnement montagnard et hydraulique. Les « faubourgs verts » de 1000 hectares dont 300 de communaux qu’elle possédait entre le Drac et l’Isère à la fin du XVIIIe siècle en témoignent à leur manière.

Grenoble apparaît donc comme un lieu idéal pour accueillir une conférence de dimension internationale sur le thème des relations entre femmes, environnements et révolutions.

 

Brigitte Dionnet, Pierre Serna,

Jean-Loup Kastler

Les propositions de contribution devront être envoyées à :

brigitte.dionnet@gmail.com

pierreserna@wanadoo.fr

jean-loup@kastler.me

 

Conférence proposée dans le cadre

de la Commission Internationale d’Histoire de la Révolution française pour le

mois de juin 2025.