Répertoire international des études révolutionnaires
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Kastler Jean-Loup [Doctorant]
Sujet : Les métamorphoses de la cité idéale en Pays de Montagne (1768-1798) A la recherche de la Démocratie locale en contexte révolutionnaire
Directeur : Pierre Serna
Université : Paris 1 Blog : https://citeideale.hypotheses.org/
Bien connu des Voltairistes, le projet de cité idéale de Versoix (1768 -1770) a longtemps été considéré comme un échec et une voie sans issue. Initié par le philosophe Voltaire avec le soutien du principal ministre Choiseul, son objectif était d’établir au bord du lac Léman en Pays de Gex une cité idéale des Lumières fondée sur la liberté de conscience et l’industrie horlogère protestante. Situé à la frontière de Genève, la cité de Versoix avait pour objectif paradoxal de concurrencer la ville natale de Rousseau dont elle devait être la réplique française.
Ce projet ne survécut pas à la disgrâce du principal ministre de Louis XV et au triomphe politique du parti dévot en décembre 1770. Il constitue cependant le premier pas d’un processus de «rapatriement du nouveau monde» en pays de montagne dont l’aboutissement est la Révolution française.
Depuis Thomas More, la pensée utopique est liée à la découverte et à l’appropriation de ce nouveau monde qu’est le continent américain. La perte de nombreuses colonies françaises en Amérique provoquée par la guerre de Sept Ans et l’échec d’un projet de colonie blanche en Guyane en 1768 marquent de ce point de vue la fin d’un cycle pour la France. Ils remettent fortement en cause un modèle de développement «espagnol» fondé sur l’esclavage et l’exploitation de rentes issues des conquêtes coloniales. Dans un contexte où physiocrates et néomercantilistes s’affrontent au sommet de l’Etat, Versoix apparaît comme un projet ambivalent.
Pour Choiseul que l’on surnomme alors le «cochet de l’Europe», il s’inscrit dans une ambition géostratégique ayant pour objectif de redessiner les routes entre le Nord et le Sud de l’Europe afin de renforcer la position de Marseille en tant que port commercial. Il se prolonge par la conquête de la Corse qui exprime la réorientation de la volonté de puissance française en direction de la méditerranée et de l’Orient (Grèce, Afrique, Egypte, Inde et surtout Chine…).
Pour les capacités grenobloises qui y participent activement, ce projet est l’occasion de rêver un autre modèle de développement qui ne soit plus colonial mais local. Il est notable que le maître d’œuvre qu’a choisi Choiseul pour ce projet ait appartenu à la très mercantiliste corporation des gantiers grenoblois et non pas au monde du chanvre et de la toile étroitement lié au commerce colonial. Le projet de Versoix ne se réduit donc pas à la promotion de la liberté de conscience. Il est aussi celui d’une bourgeoisie capacitaire qui s’interroge sur les fractures économiques de la société française à l’heure où les textes de Mably montrent du doigt « l’utopie de l’utopie bourgeoise » [Pierre Serna] et où l’avocat philosophe Michel Servan initie une première critique de la mondialisation. Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître, et c’est dans ce clair-obscur que surgissent les projets de cités idéales.
Pour une partie de la bourgeoisie grenobloise, Versoix est en quelques sortes le brouillon d’une révolution municipale à venir fondée sur le développement local et l’idéal d’une “démocratie directe” sur le modèle genevois : le début d’un projet de décolonisation des esprits et de démondialisation du commerce qui s’accompagne d’une remise en cause de la “démocratie représentative absolue” pendant la Révolution française.
Faut-il s’étonner de voir les artisans dauphinois du projet de Versoix aux avants-postes de la révolution française en Dauphiné à partir de 1789 ?
Les deux cités jumelles de Grenoble et de Genève peuvent-elles être considérées comme le berceau d’un modèle montagnard de révolution distinct de celui des “révolutions atlantiques” ?
Directeur : Pierre Serna
Université : Paris 1 Blog : https://citeideale.hypotheses.org/
Bien connu des Voltairistes, le projet de cité idéale de Versoix (1768 -1770) a longtemps été considéré comme un échec et une voie sans issue. Initié par le philosophe Voltaire avec le soutien du principal ministre Choiseul, son objectif était d’établir au bord du lac Léman en Pays de Gex une cité idéale des Lumières fondée sur la liberté de conscience et l’industrie horlogère protestante. Situé à la frontière de Genève, la cité de Versoix avait pour objectif paradoxal de concurrencer la ville natale de Rousseau dont elle devait être la réplique française.
Ce projet ne survécut pas à la disgrâce du principal ministre de Louis XV et au triomphe politique du parti dévot en décembre 1770. Il constitue cependant le premier pas d’un processus de «rapatriement du nouveau monde» en pays de montagne dont l’aboutissement est la Révolution française.
Depuis Thomas More, la pensée utopique est liée à la découverte et à l’appropriation de ce nouveau monde qu’est le continent américain. La perte de nombreuses colonies françaises en Amérique provoquée par la guerre de Sept Ans et l’échec d’un projet de colonie blanche en Guyane en 1768 marquent de ce point de vue la fin d’un cycle pour la France. Ils remettent fortement en cause un modèle de développement «espagnol» fondé sur l’esclavage et l’exploitation de rentes issues des conquêtes coloniales. Dans un contexte où physiocrates et néomercantilistes s’affrontent au sommet de l’Etat, Versoix apparaît comme un projet ambivalent.
Pour Choiseul que l’on surnomme alors le «cochet de l’Europe», il s’inscrit dans une ambition géostratégique ayant pour objectif de redessiner les routes entre le Nord et le Sud de l’Europe afin de renforcer la position de Marseille en tant que port commercial. Il se prolonge par la conquête de la Corse qui exprime la réorientation de la volonté de puissance française en direction de la méditerranée et de l’Orient (Grèce, Afrique, Egypte, Inde et surtout Chine…).
Pour les capacités grenobloises qui y participent activement, ce projet est l’occasion de rêver un autre modèle de développement qui ne soit plus colonial mais local. Il est notable que le maître d’œuvre qu’a choisi Choiseul pour ce projet ait appartenu à la très mercantiliste corporation des gantiers grenoblois et non pas au monde du chanvre et de la toile étroitement lié au commerce colonial. Le projet de Versoix ne se réduit donc pas à la promotion de la liberté de conscience. Il est aussi celui d’une bourgeoisie capacitaire qui s’interroge sur les fractures économiques de la société française à l’heure où les textes de Mably montrent du doigt « l’utopie de l’utopie bourgeoise » [Pierre Serna] et où l’avocat philosophe Michel Servan initie une première critique de la mondialisation. Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître, et c’est dans ce clair-obscur que surgissent les projets de cités idéales.
Pour une partie de la bourgeoisie grenobloise, Versoix est en quelques sortes le brouillon d’une révolution municipale à venir fondée sur le développement local et l’idéal d’une “démocratie directe” sur le modèle genevois : le début d’un projet de décolonisation des esprits et de démondialisation du commerce qui s’accompagne d’une remise en cause de la “démocratie représentative absolue” pendant la Révolution française.
Faut-il s’étonner de voir les artisans dauphinois du projet de Versoix aux avants-postes de la révolution française en Dauphiné à partir de 1789 ?
Les deux cités jumelles de Grenoble et de Genève peuvent-elles être considérées comme le berceau d’un modèle montagnard de révolution distinct de celui des “révolutions atlantiques” ?
Kusuda Yuki [Doctorant]
Sujet: Lire et écrire les histoires révolutionnaires d’outre-Manche du XVIIe siècle durant les périodes de la Révolution française et du Premier Empire
Directeur: Pierre Serna
Université: Paris 1 / Tokyo
Comment les Français qui vivaient à l'époque de la Révolution française percevaient-ils leurs précurseurs anglais du XVIIe siècle ? Il est bien connu que Louis XVI a lu à plusieurs reprises le destin de Charles Ier raconté par Hume, mais il n'était pas le seul à comparer les Français aux Anglais. Dans ma thèse de doctorat, je vise à mettre en lumière la manière dont l'histoire anglaise du XVIIe siècle était connue pendant la Révolution française et quel a été son effet sur le développement de la Révolution.
Directeur: Pierre Serna
Université: Paris 1 / Tokyo
Comment les Français qui vivaient à l'époque de la Révolution française percevaient-ils leurs précurseurs anglais du XVIIe siècle ? Il est bien connu que Louis XVI a lu à plusieurs reprises le destin de Charles Ier raconté par Hume, mais il n'était pas le seul à comparer les Français aux Anglais. Dans ma thèse de doctorat, je vise à mettre en lumière la manière dont l'histoire anglaise du XVIIe siècle était connue pendant la Révolution française et quel a été son effet sur le développement de la Révolution.
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