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Répertoire international des études révolutionnaires

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Le Cossec Anne-Louise [Doctorante]
Sujet : Frédéric Cuvier, de l'administration de la Ménagerie à l'éducation du peuple. Tours et détours d'un savant, observateur des hommes et des animaux (1798-1838).
Directeur : Pierre Serna
Université : Paris I

Frédéric Cuvier (1773-1838) est un naturaliste du XIXe siècle qui a développé son identité savante au sein du réseau de patronage de son frère aîné, le professeur-administrateur du Muséum d’Histoire naturelle de Paris, Georges Cuvier, et qui, tout en s’inscrivant dans l’ombre de ce dernier, tente de construire une position originale dans un champ des savoirs en voie de spécialisation et de professionnalisation qui lui permette aussi de sécuriser son « état » dans la société du début du XIXe siècle. Cela l’amène à remplir deux fonctions apparemment bien différentes et cependant liées par les tâches et les réflexions qu’elles suscitent : garde de la Ménagerie du Muséum d’histoire naturelle de Paris et membre de l’Université chargé de missions d’inspection, deux fonctions qu’il remplit en parallèle jusqu’à sa mort en 1838.

Nommé en 1803 garde de la Ménagerie, dont la création remonte au printemps 1794, il hérite d’une institution où les ambitions utopiques se heurtent à un principe de réalité qu’illustre sa création même. Le projet d’une ménagerie est formulé par Bernardin de Saint-Pierre, intendant du Jardin des Plantes, dans un mémoire en 1792. Ce dernier prétend qu'elle pourrait permettre d’éclairer les citoyens par le spectacle de la nature, suivi en cela par le comte de Lacépède qui, par plusieurs mémoires entre 1795 et 1801, croit à la vertu morale de l’observation d’une nature civilisée par l’homme et à laquelle il ajoute une utilité économique : générer de nouvelles espèces utiles à l’agriculture. Cependant la création de cette ménagerie rêvée est sans cesse repoussée. La Ménagerie met plusieurs années à prendre la forme d’un lieu adapté aux animaux et à leur conservation. Malgré cela, Frédéric Cuvier s’attache à les observer et rend compte dans diverses publications de leurs moeurs, s’intéressant particulièrement aux mammifères. Il tente plus précisément de construire un savoir relatif à la « psychologie des animaux » qui doit entre autres permettre de déterminer leur capacité à être domestiqués par l’homme et donc à répondre à l’ambition d’utilité économique. Mais Frédéric Cuvier prétend aussi que la connaissance de cette intériorité animale est un moyen de comprendre celle de l’homme, tant ce qui les rassemble que ce qui les sépare absolument.

Or le garde de la Ménagerie n’est pas qu’un administrateur étudiant le comportement animal, il est aussi intégré à l’Université à partir des années 1810 sous le titre d’inspecteur de l’académie de Paris, charge qu’il continue de remplir jusqu’aux années 1830. Il participe par ailleurs à diverses sociétés intéressées à la question éducative dans une période de réforme de l’éducation. Aussi participe-t-il à ces réflexions concernant tant le contenu de l’enseignement et ses méthodes, que des modalités de financement et des objectifs d'une instruction primaire populaire, questions déjà posées au XVIIIe siècle et à la Révolution française, mises de côté sous le Consulat et l’Empire, mais qui retrouvent une pertinence auprès des élites du début du XIXe siècle.

Aussi Frédéric Cuvier, par son rôle de garde de la Ménagerie où les enjeux de contrôle concernent tant les animaux que des hommes, gardiens et visiteurs, et celui d’inspecteur de l’instruction primaire où cette même question se pose concernant les élèves et les instituteurs, paraît offrir un cas d’étude particulièrement intéressant à la question de la porosité des regards portés sur les animaux et sur les hommes autour des notions de d’éducation et d’utilité à un moment de bouleversements sociaux et économiques qui touchent les hommes comme les animaux.

Li Weiyi [Docteur 2022]
Sujet:  L’armée, la ville et la politique : une histoire militaire de Paris sous le Directoire (1795-1799).
Directeur: Pierre Serna
Université: Paris 1
Mail: historyliweiyi@pku.edu.cn

Ma thèse s'intéresse à l'armée, aux bâtiments militaires aux officiers à Paris pendant le Directoire. Après thermidor an II, le commandement militaire de Paris fut retiré aux sections par la Convention. Lors des journées politiques de 1795, les officiers et soldats de métier contribuèrent de façon décisive à la défense de la Convention. De fait, l'armée professionnelle jouait un rôle de plus en plus important dans le maintien de l'ordre de la ville, et un état-major fut créé dont la composition reflétait les tendances politiques du Directoire. La 17e division militaire fut transformée en un organe puissant et multifonctionnel responsable de toutes les affaires militaires à Paris et dans ses environs. La garnison jouait même un rôle culturel dans les fêtes, dont les effets dans l’esprit public parisien furent mis en scène dans les théâtres.

Pendant cette période, l’espace urbain parisien fut définitivement militarisé. De nombreuses casernes furent rénovées et certains bâtiments nationaux furent désignés pour le service militaire. En s'appuyant sur les casernes héritées de l’Ancien Régime, Paris fut transformée en une véritable "ville-caserne".

Cependant, la dépendance du Directoire à l’égard de l’armée de ligne prépara sa chute au lendemain de l'élimination de la menace royaliste par le coup de force du 18 fructidor an V. Deux ans plus tard seulement, des généraux ambitieux, comme Bonaparte, en collaboration avec des politiciens comme Sieyès, se servirent de la garnison de Paris avec l’aide d'officiers carriériste avec lesquels ils entretenaient des relations personnelles. C'est ainsi que se produisit le coup d’État qui mit fin du régime directorial.


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