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Répertoire international des études révolutionnaires

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Roger-Lacan Baptiste [Doctorant]
Sujet: Lire et écrire contre la Révolution (1900-1940)
Directeur: Pierre Serna et Frédéric Monier
Universités: Paris 1 et Université d'Avignon

Cette thèse part d’un constat partagé par plusieurs historiens ces dernières années : jusqu’en 1945, l’édition historique a été très largement dominée par des historiens membres de l’Action française (Jacques Bainville, Pierre Gaxotte, Frantz Funck-Brentano), proches de celle-ci (Pierre de Nolhac) ou aux opinions très conservatrices (Pierre de la Gorce, G. Lenotre, Louis Madelin). Ce sont eux qui vendent des livres et pas les historiens issus de l’Université, conquise par les Républicains entre les années 1880 et 1890.
La Révolution et l’Empire font partie des sujets les plus communément traités par ce pôle historien contre-révolutionnaire. La densité évènementielle de cette époque et son importance sur les développements politiques ultérieurs de la France et de l’Europe expliquent aisément leur intérêt et celui du public ; pour autant, cela n’explique pas pourquoi ce segment du champ éditorial a été largement dominé par des historiens dont l’objectif explicite était de renverser un supposé mythe révolutionnaire pour établir leurs visions — qui varient considérablement d’une œuvre à l’autre — d’une période pour eux traumatique. C’est la création, la diffusion et la réception de cette histoire contre-révolutionnaire de la Révolution, faisceau de contre-mythes républicains, qui m’intéressent.

Les succès de ces figures de la droite et de l’extrême-droite historiennes m’ont conduit à postuler l’existence d’un champ éditorial contre-révolutionnaire structuré autour de plusieurs pôles (l’Église, l’Action française et l’Académie française principalement) et particulièrement offensif contre la Révolution et son héritière, la Troisième République. Pour éviter l’effet de rareté et de curiosité— selon les mots de Krzystof Pomian — inévitablement suscité par une étude qui se serait concentrée sur les succès éditoriaux des historiens cités plus haut j’ai voulu englober, autant que faire se peut, l’ensemble de la production historique contre-révolutionnaire de la période et, constatant que cette littérature historique était loin d’être autonome du reste des publications sur la Révolution, j’ai ajouté à ce corpus des romans historiques, des manuels de l’enseignement libre, des pièces de théâtre (en petit nombre), des essais historiques, ainsi de très nombreux articles de presse, de revues et des brochures qui furent publiés pendant la période.

Cette thèse entend rendre compte des mutations d’un discours de rejet radical de la Révolution, aussi ancien que celle-ci. Pour la majorité des auteurs, des éditeurs, des journalistes et des lecteurs discutés, la Révolution est une catastrophe. Qu’ils soient arrivés à ces convictions par éducation ou par conversion (une thématique autobiographique que l’on retrouve beaucoup dans les rangs de l’Action française), la décennie qui va de 1789 à 1799 est une toile de fond, un canevas qui imprègne les représentations, les analogies avec le présent, les discours militants. Cet imaginaire discursif peut être structuré dès l’enfance par une littérature romanesque qui fait la part belle aux récits contre-révolutionnaires, il est en tout cas continué par des ouvrages aux thématiques et aux formats (de l’essai, qui s’autonomise comme genre au début du XXe siècle, à la monographie historique) très divers.

En somme, ce travail de recherche entend recomposer les fragments du discours contre-révolutionnaire à une période cruciale dans l\'histoire des droites, la première moitié du XXe siècle.


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