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Répertoire international des études révolutionnaires

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Nagasaka Saori [Doctorante]
Sujet : Les Chouans et la forêt : spécificités paysannes de la Contre-Révolution dans l'Orne
Directeur : Pierre Serna
Université : Paris 1

Je travaille sur la chouannerie normande sous deux angles : celui de la géopolitique entre villes et forêts, ainsi que celui des politiques forestières et de leurs impacts pendant la Révolution française.

L’histoire du Bocage normand, c’est une histoire de subsistance. La forêt a toujours été intimement liée à la vie traditionnelle de ce pays. Les paysans utilisent la forêt nourricière pour leurs besoins en tous genres, tels que cueillir des baies, des champignons et du bois pour leur propre usage ainsi que pour faire pâturer leurs animaux. Ils sont très expérimentés au sujet de la gestion de la forêt, du glanage et de l’économie des petites nourritures qu’ils ont dans la forêt.

Cependant, à cause de la réaction nobiliaire dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, ce droit d’usage de la forêt a été strictement interdit par la noblesse. Jean-Claude Martin a d’ailleurs souligné que les mécontentements des habitants des bocages contre cette mesure étaient présents dans les cahiers de doléances de certaines paroisses bocagères en 1789. Des sources attestent plusieurs attaques contre des gardes forestiers. En 1788, deux révoltes des habitants contre des gardes forestiers ont par exemple éclaté dans la forêt d’Andaine.

Ces mécontentements n’ont pas cessé pendant la Révolution française. Par exemple, lors de la Grande Peur du 24 au 28 juillet 1789 dans l’Orne, il y a eu des attaques contre les gardes forestiers de plusieurs localités, tandis qu’une révolte identique est survenue dans le village de Fougy en 1791. Une partie de ces attaques ont été commises par des chouans, comme celle qui a eu lieu dans la forêt de la Ferté-Macé en 1799. Ces attaques n’ont été menées ni en réponse aux ordres des émigrés, ni contre la République : elles n’ont donc pas de dimension contre-révolutionnaire.

Toutefois, il ne s’agit pas non plus de simple brigandage, mais plutôt d’une contestation contre des réglementations ou des mesures jugées injustes. En analysant les demandes des chouans, on peut comprendre que ces derniers sont mécontents de certains aspects de la Révolution française, notamment car celle-ci n’a pas réglé et a parfois aggravé les problèmes auxquels ils étaient confrontés. Cela suggère que les mesures prises dans le cadre de la Révolution ne prenaient pas toujours en considération la réalité des provinces et les problèmes des habitants de certaines régions.


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